14 juillet 2021, Yvelines, le sud de l'agglomération parisienne. Cités tentaculaires, autoroutes, bretelles d'accès m'amènent aux parkings du Centre commercial Vélizy 2. Dernière sortie autorisée avant le QR code obligatoire. Esbroufe collective, mise en scène organisée, paillettes dans les yeux, les feux d'artifice et les départs en vacances cachent ce que je ne vois que trop : les murs de béton gris d'une vie normalisée, à accès contrôlé. Une vie étiquetée.
Tout en cherchant l'adresse du magasin où je vais trouver l'outils qui me manque pour réparer la pompe, dans la prairie des chevaux, je pense tout haut. Est-ce que j'accepte réellement de payer mes vacances et mes loisirs d'aujourd'hui au prix de mon emprisonnement de demain ? Mes après-midi de shopping, dans les magasins de marques éclairés à la lumière halogène, au prix de la "vacance" de ma liberté et du contrôle généralisé de mes déplacements ?
Pourrai-je survivre demain ? Sans centres commerciaux, sans mise en scène et sans paillettes ? Pourrai-je survivre avec juste, au fond de mes yeux, l'étincelle de la vérité intérieure? Pourrai-je de nouveau écouter les légendes des plantes, des vents et des forêts? Aurai-je le temps de méditer devant ce profond lac noir, le lac noir tout au fond de l'œil de mon cheval, ce lac noir qui cache les étoiles du ciel obscur ?
Un praticien traditionnel me confia un jour « On dit souvent que nos histoires de création des chevaux sont des légendes. Mais ce ne sont pas des “légendes” au sens où elles seraient des contes pour enfants, des contes tout juste bons pour les Indiens sauvages et sans pitié, comme on nous appelle encore aujourd'hui dans la Constitution américaine. Ce ne sont pas des histoires que l’on raconte aux primitifs, à ceux qui auraient un mental inférieur, à ceux dont l'intelligence n’est pas entièrement développée, aux "Indiens" qui pensent comme des enfants, ou qui sont catégorisés comme sous-humains. [...]
Nos légendes sont absolument vraies, et elles viennent d’un savoir totalement scientifique, comme l’avenir le démontrera sans aucun doute. Notre manière de vivre, en accord avec ces légendes, nous rend complètement autonomes. Nous avons un mode de vie durable, respectueux des ressources naturelles. Nos histoires sont nos enseignements et notre médecine.
Si la civilisation des Blancs s’effondrait, ce qui pourrait bien, arriver plus tôt qu'ils ne le pensent, nous, les Indiens, les "Sauvages", nous retournerions sans aucune difficulté à notre mode de vie traditionnel, à une vie durable, non polluante. Nous reviendrions sans peine à cette sagesse qui est expliquée dans tous ses détails dans nos légendes et nos histoires. »*
Les animaux qui nous entourent, les chevaux, les plantes, tous, ils attendent que, de nouveau, les humains écoutent leur message. Ils attendent que les êtres humains prennent conscience de la grandeur de leur âme, de la puissance du souffle de leurs paroles, de la hauteur de leur pensée.
Alors, et alors seulement, le monde qui nous attend sera un monde de liberté - de Liberté intérieure.
Mon cheval blanc est devant moi.
Juste devant la lumière du matin.
Il est libre et sans limites,
Il me transporte entre les mondes.
Alors qu'il va dans les quatre directions.
Il apparaît sur un rayon de lumière,
Dans un nuage de poussière,
Dans le vent des tempêtes,
En pure blancheur, Fermement ancré dans la terre, Son galop résonne
comme le tonnerre.
Cheval magique, blanc comme la neige, Sa crinière agitée par le vent, Tu apportes l’abondance Qui exauce tous les vœux.
J'ouvre les bras, L’abondance vient à moi. Par sa force, tout arrive.
Le Ciel me regarde et la Terre me soutient.
* Extraits de "L'enseignement des Chevaux" par Sylvain Gillier, Ed. Vega
Comments