Laissez-vous emporter par l’énergie spirituelle des chevaux !
Ce livre révèle la connexion magique et enchantée au cheval que les hommes ont développée depuis des millénaires. Par des pratiques de méditation, des rituels, des cérémonies et des contes, Sylvain Gillier donne des outils essentiels à ceux qui veulent créer ou approfondir leur relation avec les chevaux.
Qui suis-je ?
Je suis une personne qui est porteuse du syndrome d'Asperger. Je suis dyspraxique, c’est-à-dire extrêmement maladroit, avec une forte tendance à casser et laisser tomber les choses. A l’école, puis au lycée, les cours de sports étaient une torture. Invariablement, j’étais le dernier à toutes les activités sportives. En désespoir de cause, le professeur d’éducation physique me dispensa à titre permanent, et à chaque cours de sport, je me retrouvai avec un autre déshérité, qui, lui, était carrément dépressif. Il s’appelait Dupetit. Avec Dupetit, nous passions notre temps à broyer du noir et à imaginer des mondes meilleurs. Je lui disais que le monde était étrange, il me répondait que le monde était triste. Ce n’était pas simple de converser avec lui, car comme tous les Asperger j’ai, ou j’avais, beaucoup de peine à comprendre et interpréter les mimiques de ceux qui me parlent. En même temps, mon hypersensibilité faisait que, dans un groupe, j’étais très vite saturé. Je ne me sentais à peu près bien que lorsque j’étais seul. Pour entrer dans un magasin, ou pour aller chez le coiffeur, j’avais besoin de routines bien établies et invariables. Être invité à manger dans un restaurant relevait pour moi de l’héroïsme. Pendant mon adolescence, j'ai préféré me réfugier dans un monde qui n'existait pas. Pour moi, je n’avais pas une chambre, mais il y avait 2 chambres. Une des portes était la porte de ma chambre. L’autre porte, qui existait dans mon monde imaginaire, était l’entrée vers un monde de réalité non-ordinaire. Exister dans deux niveaux de réalité n’a pas facilité les rapports sociaux, c’est le moins que j’en puisse dire ! J’ai longtemps eu l'impression de me battre contre des ennemis invisibles.
A l’âge de 15 ans, je découvris l’œuvre de Carlos Castaneda. Ce fut pour moi une explication rationnelle à mon vécu quotidien. Mes sensations d’étrangeté et d’irréalité étaient à attribuer à l’existence de plusieurs niveaux de réalité. Je découvris que tracer des figures géométriques et des trames me permettait de me libérer de mes angoisses. Les figures et les symboles étaient stables, rassurants, compréhensibles. La pratique rituelle – et parfois obsessionnelle - du mandala fut pour moi un moyen efficace de dépasser mes angoisses et ma confusion, spécialement lors de mes interactions sociales. Je pris l’habitude de tracer un mandala au début de chaque journée. Pendant trois années, entre 17 et 20 ans, je traçai chaque jour une figure symbolique qui représentait ma journée, puis je m’astreignais à mettre soigneusement chaque expérience de la journée en rapport avec le contenu symbolique de ces tracés. Cette période de trois années fut une sorte de guérison par le mandala et les symboles. Puis, alors j’étais déjà un jeune homme, vers l’âge de 22 ans, j’ai passé une année entière en Inde, et au Népal. Ce voyage a été suivi par une année passée dans le sud des États-Unis et au Mexique. J’y ai suivi les traces de la curandera Maria Sabina[1], et ai reçu des enseignements traditionnels de brujos dans le Nord du Mexique. J’eus ensuite la chance de rencontrer Michael Harner, puis à mon retour en Europe de suivre une formation avec lui. J'ai rencontré Michael pour mes 25 ans. Ce fut pour moi une rencontre fondatrice. Pendant la durée de la formation, Michael, entre autres, se transforma en ours, fit parler les tambours, évoqua les esprits de la nuit, et appela les pouvoirs des vents. J’ai suivi son enseignement pendant quatre ans. A cette époque, dans les années 80, il posait les bases de ce qui allait devenir la Fondation d’Etudes Chamaniques[2]. Harner enseignait les grands principes du voyage au tambour, une pratique aujourd’hui largement connue dans le développement personnel. J’étais fasciné. Vingt ans plus tard, dans les années 2000, je commençais à beaucoup voyager dans le Sud-ouest des Etats-Unis pour des formations en équithérapie. J’ai eu la chance de travailler au quotidien avec des personnes-médecine Indiennes pratiquant la sorcellerie et la magie. Cela a créé en moi beaucoup de questionnements et d’hésitations. Questions par rapport à ce qu’était devenu, entre temps, le néo-chamanisme. Questions par rapport à l’appropriation d’une culture qui n’est pas la mienne, à l’utilisation de concepts et de pratiques que, en fait, je ne comprends pas complètement, et aux effets indésirables que ça pourrait produire. C’est alors seulement que j’ai réellement pris conscience du contexte de ce qui est décrit dans ces livres de Castaneda, et des conséquences pour l’Occident de ce qui y est décrit. En vivant et en travaillant au quotidien avec des praticiens traditionnels Amérindiens, des personnes qu’en Europe, nous appellerions des « sorciers », j’ai intégré dans ma propre vie ce que sont les réalités non-ordinaires. Chose remarquable, cette expérience d’autres états de conscience a été faite, à chaque fois, en présence de chevaux. Lorsque j'ai eu la démonstration directe et palpable que ces personnes-médecine étaient parfaitement capables de dénouer les fils de la réalité et de tordre la trame de ma perception du monde, j'ai pris la mesure de cette phrase de Don Juan : « ce que nous pensons être la réalité n'est finalement qu'une interprétation parmi d'autres »[3].
[1]Maria Sabina fut une guérisseuse traditionnelle de culture mazatèque, connue pour utiliser des enthéogènes comme le champignon hallucinogène Psilocype mexicana. [2] Voir https://www.shamanism.org/ [3]Dans les livres de Carlos Castaneda, Don Juan est un sorcier Indien Yaqui décrit comme ayant enseigné l’auteur sur une période d’une dizaine d’années. Certains doutent qu’il s’agisse d’une seule personne.
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